Des ciels, 1980 – 1986

« Le ciel, plafond de notre chambre terrestre, nous permet de croire à l’infini. Couché sur le sol, le regard de Gérard Lüthi troue la voûte en jouant au billard avec les nuages à la recherche d’une faille céleste. Il ne trouve que fils et poteaux qui transforment le philosophe en esthète. La question fondamentale devient marivaudage dans l’attente de la réponse finale.
Il y a là une tendance heureuse de la photographie contemporaine qui traque le non signifiant pour saper le mur des increvables stéréotypes. Il est difficile de faire parler les cieux après un Moyen-âge peuplé d’anges et une époque rationaliste qui prend la stratosphère pour une autoroute. Densité de l’air transformé en gris pour éviter la chute dans le grand vide blanc. Mais le monde, notre monde est terrestre avec des feuilles, des branches, des statues, des croix. Pourquoi celles-là? et pourquoi pas, car c’est à vous de savoir si ce rameau est celui de la paix ou si cette croix est la vôtre. Rassurez-vous, ce n’est qu’un jeu. Et si le jeu était une chose sérieuse !!! »

Gad Borel, Centre de la photo à Genève, 1987

« Avec Gérard Lüthi, « cadrer une photographie » prend son sens le plus riche. Avec finesse et humour, le Prévôtois s’envole vers des cieux toujours surprenants, où des dieux facétieux répondent à leur manière aux signes dérisoires de l’homme. Voyez ces pneus sur lesquels s’appuie un pare-brise laiteux, et voyez, derrière, ces fins nuages étalés par un divin coup d’essuie-glace… Poète subtil, Lüthi est en même temps un technicien hors pair. »

Jean-Claude Péclet, «  Galerie » , dans L’Hebdo, 03. 09. 1987

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